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A travers nos yeux... le Hanabi au Japon : quand le ciel s'embrase de poésie!

  • par Amandine
  • 11 oct., 2019

A peine deux semaines après notre arrivée au Japon, l’un des plus grands feux d’artifices de la région et de la saison se tenait dans l'arrondissement de Setagaya. Sans surprise, cette expérience est sur notre check-list. On t'invite à partager ce moment raconté... à travers nos yeux! 

Le terme Hanabi signifie "fleur de feu", un nom qui lui va à merveille!
Le Hanabi : Kesako?

Bien décidé à te faire voyager au pays du soleil levant, on rédige cet article à l’instant où on le vit. Une première pour nous! Avant de continuer sur cette fabuleuse expérience, un brin d’explications sur le Hanabi au Japon.

Appelé hanabi ou littéralement les fleurs de feux, les feux d’artifices au Japon sont courant pendant la saison estivale. Issus d’une longue tradition visant à distraire le peuple, mais aussi chasser les démons et les mauvais esprits, il est possible d’en trouver dans tout le pays aussi bien en ville qu’en campagne. Si la consonance du mot est poétique, tout comme sa signification, le spectacle l’est tout autant. Faisant partie intégrante de l’été japonais (mais pas que), le hanabi est un événement à part entière. 

Sous nos yeux d’occidentaux, il constitue un vrai spectacle bien avant le début du feu… On te raconte tout ça!

Quand nos yeux français découvrent le Hanabi

Après 18 kilomètres de marche en 6 heures, 4 ou 5 temples, une balade dans la vallée de Todoroki aux apparences de jungle, une belle ampoule sanglante, nous voilà le long de la rivière Tamagawa dans l’attente du feu d'artifice. Il est 16 heures, cela fait déjà une heure que nous sommes assis dans l’herbe sur nos serviettes. La chaleur commence à tomber avec le soleil couchant, et heureusement! La journée a été très chaude.

Tu te demandes sans doute pourquoi nous nous sommes installés si tôt, alors que le feu d’artifice ne commence qu’à 18 heures? On se le demandait aussi, jusqu’à arriver à l’un des points d’observation!

L’ensemble des espaces de verdure longeant la rivière sont parcellés. D’un côté se trouvent des tables et des chaises spécialement installées pour l’occasion accessibles après paiement (environ 40 euros la place). De part et d’autre, la pelouse est quant à elle morcelée avec des piquets et des bandes afin de laisser des couloirs d'accès, sans doute en cas de problème ou tout simplement pour faciliter la circulation.

Les battements de nos cœurs suivent les détonations à répétition des feux d'artifices

Partout autour de nous fourmille un nombre impressionnant d’agents municipaux, d’agents de police mais également de nombreux pompiers. Chacun veille au bon ordre et au bon respect des emplacements. Nous nous sommes d’ailleurs installés sur un petit coin le long de la rivière comme bon nombre de japonais venant d’arriver. Une dame est venue nous expliquer que nous pouvions y rester pour le moment, mais que lors du feu d’artifice nous devrons nous installer ailleurs. Sans attendre nous nous sommes déplacés là où il restait un peu de place.

Si les parcelles sont morcelées, c'est sans doute en raison de l'anticipation des japonais. Les familles sont déjà venues installées - sans doute depuis ce matin - des bâches pour réserver leur emplacement sur la pelouse. Et ce, avant de repartir. Peu à peu les familles reviennent et s’installent sur leur emplacement. Aucun nom sur l'emplacement, chacun sait où il s’est installé et personne ne s’inquiète de retrouver sa place. Le principe du “premier arrivé, premier servi” prend tout son sens ici. L’anticipation est reine, moi qui aime les choses bien cadrées, je suis aux anges.

Contrairement à la France, les feux d’artifices sont un spectacle à part entière, mais surtout un vrai moment de rassemblement. Chacun vient avec sa famille ou ses amis. On apporte sa table, de nombreux plats à partager tous ensemble et dans une quantité qui semble gargantuesque. Il y a aussi de nombreuses boissons alcoolisées ou non. Les japonais veulent profiter du spectacle, mais pas que. C’est sans doute aussi le moment de relâcher la pression de la semaine, de se laisser aller et de profiter des siens autour d’un pique nique convivial en plein air en ce début de saison automnale.

Le spectacle commence dans 1h45. Tout s’affole autour de nous. De plus en plus de voix résonnent dans les hauts parleurs de part et d’autres de la rivière. L’ambiance est bonne enfant, le soleil baisse tout doucement. Nous avons hâte. Nous avons également anticipé le moment en prenant de quoi nous occuper, mais surtout de quoi se restaurer et s’hydrater. Même que les toilettes sont juste à côté.

Une organisation bien ficelée!

Hanabi : H-1

Il est 17h! Des feux d’essais à blanc sont lancés pour avertir la population! Les tirs sont juste devant nos yeux! Ici ce ne sont pas 2 ou 3 tirs d’essais, mais bien une dizaine! Nous avons de plus en plus hâte! On ressent déjà la beauté du moment, et l’importance des feux d’artifices dans la vie d’un japonais! 

La musique retentit sur l’autre rive! La fête commence! Musique ou chanteur? Malheureusement le petit vent et le bruit de pas incessant ne nous permet pas de bien le distinguer, mais on penche réellement sur cette deuxième option.

La place gagne en effervescence! Les gens sont de plus en plus nombreux à rejoindre leur emplacement, à se restaurer, à se retrouver et à rigoler. Les gens s’assoient sur leur bâche en enlevant leurs chaussures puisque qu’il s’agit du lieu de repas.

De nombreux japonais, mais surtout japonaises sont vêtus de leur tenue traditionnelle (yukata). Elles sont magnifiques, mais surprenantes. Voir sa voisine de serviette apprêtée pour l’occasion, de la tenue à la coiffure, manger… un célèbre fast-food mondialement connu, n’a pas de prix! Le choc des cultures est bien présent. Où quand l’occident rencontre l’orient!

Un lieu effervescent, oui! Mais surtout apaisant. On étudie tranquillement au son des rires, de la joie et des bouchons de vin qui sautent! Le soleil se couche peu à peu, il est magnifique! Un petit vent frais se lève, et avec lui l’organisation prend place!

Le staff est conséquent. Vêtues de leur haut bleu, de leur casquette assortie et de leur pantalon en toile beige, le personnel est réparti entre chaque parcelle! Facilement reconnaissable donc! A les observer on suppose qu’ils renseignent les citoyens, les guident, mais surtout qu’ils veillent à ce que tout se passe bien pour chacun.

Des scouts japonais déambulent également dans les allées. Ils distribuent des sacs en plastique (ou plutôt en bon français du sud-ouest des poches) à tous ceux qui le souhaitent pour y mettre leurs déchets et les jeter en fin de spectacle dans les conteneurs dédiés. Le Japon, la propreté et le respect de l’environnement sont vraiment tout un ensemble! Même si la consommation de plastique est à revoir. On espère qu’ils prendront bientôt exemple sur la France en favorisant ce qu’ils appellent ici les “えこばっぐ” (eko baggu), autrement dit les sacs réutilisables!

De nouveaux essais retentissent à 17h45 mais cette fois avec quelques feux. Pour tester la luminosité? Matthieu le pense! La nuit n’est pas encore complète, le ciel est encore clair, même si de gros nuages noirs arrivent de l’ouest, annonçant sans doute la journée pluvieuse de demain.

Cette volontaire sera restée à sa place tout le long, sans bouger une seule fois de sa position

Que le spectacle commence!

Il est 18h00, le hanabi débute. Et quel début! Le spectacle est déjà magique, digne du bouquet final d’un feu d’artifice français. La suite promet. On en prend plein les yeux. On a d'ailleurs des étoiles dans les yeux. Le moment est magique de part la beauté du spectacle qui s’offre à nous, mais également grâce aux sons nous entourant. Des voix japonaises à l’unisson expriment des “oooooooh”, des “aaaahh” ou encore des “sugooiii” (formidable)! On vit un moment intense émotionnellement et nous mesurons la chance de vivre cet instant! Nos yeux s'humidifient face à toute cette poésie.

Le feu est si étalé que nous ne savons pas où regarder. Et cela devient pire lorsque nous comprenons qu’un deuxième feu est tiré à moins d’un kilomètre de celui qui s’offre à nous. Des millions de questions se bousculent dans nos têtes. Où devons nous regarder? Est-ce le même feu d’artifice? Nos esprits mettent un moment avant de se concentrer sur celui juste sous nos yeux! Il est tellement tentant, et sans doute humain, de vouloir tout regarder, ne rien louper du spectacle, que cet “imprévu” nous perturbe un petit temps.

Une demi-heure vient de passer. Enfin sur notre montre, dans nos têtes le spectacle n'a commencé que depuis 5 minutes. Le temps défile et nous sommes absorbés par ce que nous vivons. Le feu est décomposé en plusieurs “sets” racontant leur propre histoire. Celui sur les émoticones était facilement reconnaissable grâce aux smiley et aux cœurs éclatant dans la nuit noire. Chacun des sets est clôturé par un “petit” final plus beau les uns que les autres. Vivement la fin!

Vers 18h50, le nombre de feux s’intensifie. Est-ce la fin du hanabi? On le croirait bien, il n’y a plus rien pendant une petite minute et des gens se lèvent. Le second feu d’artifice repart de plus belle, le nôtre suit. On repart pour 5 minutes de magie, de “oh”, de “ah”, et de “sugoiii”! On s’émerveille davantage à chaque seconde qui passent.

C’est donc ça le hanabi japonais. Vivre une émotion toujours plus forte minute après minute. Vivre l’instant présent et tout oublier pour faire place à la magie de l’évènement. Il est 19h00 tout pile. Comme bon nombre de personnes nous nous levons émerveillés, des étoiles plein les yeux, apaisés avec la sensation d’avoir vécu un moment fort et unique!

Des étoiles brillent dans le ciel et dans nos yeux

L'après-hanabi : le retour à la réalité!

Il n’y a pas de transition entre les deux. Vous vous retrouvez de suite immergé dans une foule humaine se dirigeant vers l’unique sortie quadrillée par les forces de l’ordre. De nombreuses questions nous viennent en tête. Nous sommes des milliers, pourquoi nous faire sortir par un endroit unique? Leur organisation si cadrée est déconcertante. Nous comprenons qu’ils souhaitent éviter tout débordement, et l’efficacité d’un tel procédé doit être prouvée. Mais d’un coup nous nous sentons dirigés et instrumentalisés. On nous indique quand avancer, où aller et ce, jusqu’à la gare située plus d’un kilomètre plus loin. Les gens sont-ils si irrespectueux et si irresponsables que ça lorsqu’on ne leur indique pas quoi faire et comment le faire?

Sur ces questionnements, mais surtout sur les phrases en bouclent qui sortent des portes-voix tenus par les policiers, notre premier hanabi s’achève. Le spectacle est mémorable, nous nous endormons les étoiles plein les yeux à la recherche de notre prochain feu d’artifice!

                                                       Amandine

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